Editions Agora

Revue de presse

04.02.2004
La Presse Riviera-Chablais

Aider les élèves à se comprendre

Le président de la société éditrice réfute les allégations de l'UDC.

Pasteur à Saint-Légier, Claude Schwab préside l'association Enbiro. Il affirme que la méthode contestée en Valais donne la priorité à la culture judéo-chrétienne, tout en offrant un éclairage sur les autres religions.

Entretien: Patrick Monay

P.M.: En tant que président d'Enbiro, comment réagissez-vous à cette polémique valaisanne?

Claude Schwab: Avec un peu d'étonnement. Notre matériel pédagogique est utilisé depuis plus de trente ans dans les cantons de Fribourg, Berne, Vaud et du Jura, et n'a jamais posé le moindre problème. Je pense que le Valais a souffert d'un déficit d'information alors qu'il prenait un virage important: une nouvelle orientation de l'enseignement religieux, plus distant du catéchisme, en s'alignant sur les autres cantons romands. Et cela au moment même où Enbiro s'ouvrait un peu plus aux autres religions. Il n'en fallait pas plus pour faire bouger certains Valaisans.

Cette méthode met-elle vraiment Mahomet et Jésus sur un pied d'égalité?

Non. Elle donne la priorité à la culture judéo-chrétienne, car notre civilisation est imprégnée de cet héritage. Mais elle offre aussi une ouverture sur les autres religions présentes dans notre société.

Ses détracteurs prétendent qu'elle jette la confusion dans l'esprit de ses jeunes utilisateurs?

Le risque de confusion existe, il ne faut pas s'en cacher. Les jeunes d'aujourd'hui baignent tous les jours dans un climat interreligieux, que ce soit à l'école, en ville ou à la télévision. C'est donc justement pour clarifier la situation que ces manuels sortent du cadre chrétien. On explique par exemple aux élèves que, pour les chrétiens, Jésus est le fils de Dieu, alors qu'il est un prophète pour les musulmans.

L'UDC voit également dans votre enseignement un «féminisme déplacé». Qu'en est-il?

L'un des ouvrages montre que, dans l'Ancien Testament, les femmes avaient un certain pouvoir. En prolongement, il pose des questions sur l'égalité des chances entre hommes et femmes. Il ne fait pas de doute que les religions monothéistes ont joué un grand rôle dans le bétonnage des rôles respectifs. Notre méthode vise simplement à faire réfléchir les élèves, sans donner de vérité à la fin.

On vous accuse encore de livrer un «triste remake du rapport Bergier»?

Un texte établit un rapport entre un épisode de la Bible, où Jésus guérit une femme un jour de Sabbat, et le fait d'avoir enfreint la loi pour sauver des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. Ce climat de méfiance me fait penser à l'Allemagne des années 20, à une chasse aux sorcières pour obtenir le pouvoir? L'école ne pourra bientôt plus rien faire qui ait du sens, juste du calcul et de la grammaire!

Revenons à l'enseignement religieux, pour conclure. Quel doit être le rôle de l'école en la matière, selon vous?

Un rôle complémentaire à ceux de la famille et des institutions religieuses. L'école doit apporter des connaissances, mais aussi apprendre aux élèves à respecter leurs camarades ayant d'autres convictions que les leurs. En accueillant des enfants de toutes provenances, l'école publique est le creuset de la société de demain. Sur le terrain, il y a des préjugés et des blocages. Mais les enseignants estiment qu'ils ont les moyens d'aider leurs élèves à mieux se comprendre. Et cette méthode y contribue.

Patrick Monay
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